Saint-Guirec Crèche de Noël avec coque quille en l’air

, par  Ar Jentilez

Sensibles au patrimoine maritime, à l’histoire, aux coutumes et aux traditions, les bénévoles et responsables de l’association pour le pardon de Saint-Guirec, s’activent depuis quelques jours pour offrir aux visiteurs une crèche originale et colorée, toujours sur le thème maritime.

Par l’association pour le pardon de Saint-Guirec :

Dans le monde Chrétien et bien au delà, la nuit de Noël est un instant de grâce, de quiétude, de paix, de recueillement, de joie...Un enfant est né dans une crèche, magnifique dans sa nudité, insouciant, plein de vie et tellement vulnérable....
Jésus est né dans une étable à Bethléem. Pour fêter cet évènement partout dans le monde on s’applique à recréer cette étable, cette crèche...Ce lieu mythique où tout à commencer...

Dans notre chapelle de Saint Guirec à Ploumanac’h, comme chaque année, nous avons souhaité que cette réalisation soit intimement liée au milieu maritime. Cette année donc, notre crèche de Noël est une maison de pêcheur dont le toit est une coque de bateau retourné ou coque quille en l’air.

Tous les bénévoles se sont investis pour offrir une belle crèche originale sous la coque de La Touille.
Ouest-France

Leur histoire remonte au XIXème siècle. Ce genre d’habitation était très répandu sur la côte Nord et la côte normande. A l’époque les villages de pêcheurs étaient des ports d’échouage où les bateaux de pêche de type harenguier ou flobart étaient mis à l’eau en glissant sur des rondins de bois ou en utilisant des tas d’algues disposés le long de la plage pour faciliter le déplacement.

Maison de l’île de Batz
avec un canot coupé servant d’abri, selon un usage fréquent dans les communautés littorales pratiquant la collecte du goémon.
Dessin aux crayons de couleur d’Yvonne Jean-Haffen
Dessin aux crayons de couleur d’Yvonne Jean-Haffen

Les manœuvres harassantes pour la remise à l’eau et les échouages répétitifs qui exposaient les bateaux à la puissance des vagues usaient prématurément les coques.
Les marins peu fortunés recyclaient alors les embarcations pour en faire un logement à peu de frais.

Les quilles en l’air étaient situées à proximité des falaises, en haut de la descente des plages.
Le bateau, allégé de tout le superflu, était remonté de la plage puis retourné. Les murs qui devaient soutenir la coque étaient bâtis en bois ou en pierres maçonnées. La coque devenue toit était enduite de goudron pour assurer l’étanchéité.
L’intérieur des quilles en l’air était constitué d’une unique pièce à vivre qui couvrait toute la longueur de la quille retournée. On y faisait la cuisine sur un poêle qui assurait aussi le chauffage, on y prenait les repas, on y dormait et parfois on y préparait les lignes de pêche quand le temps était trop mauvais. Les ouvertures étaient peu nombreuses et petites il y faisait assez sombre.

Dans son roman de 1914 "Gingolph L’abandonné", René Bazin écrit que par mauvais temps les ouvertures, "découpées" dans la coque goudronnée et bouchées souvent par de "mauvaises vitres", laissaient "passer le vent et aussi des gouttes de pluie".

Sur les côtes françaises, cet habitat très fragile a été détruit en majeure partie lors de la dernière guerre mondiale et a pratiquement disparu aujourd’hui. Encore répandu aux iles Shetland, en Irlande, en Ecosse, aux iles Féroé, en Islande, et aux iles Lofoten, cette demeure très modeste reste très représentative d’un monde maritime courageux et fier confronté à de très dures conditions de vie.

Dans le Pas de Calais, Equihen-Plage sur la Côte d’Opale est célèbre pour ses quilles en l’air (Cartes postales anciennes ci-après).

Carte postale d’Equihen
Peinture d’E. Doigneau (Mairie d’Equihen-Plage)

Avec tous nos remerciements aux propriétaires du bateau* et aux bénévoles qui ont réalisé cette crèche. Joyeux Noël à tous, que la Paix soit avec vous.

* Il s’agit de « La Touille » appartenant à la famille Laborey, qui l’utilisait dans l’anse de St Guirec comme annexe du « Kotick ». Ce cotre de Carantec classé monument historique est aujourd’hui propriété de l’association Ar Jentilez qui a prêté voile et avirons pour le décor.