Flambarts du Trégor
C’est bien connu, Ar Jentilez est la réplique d’un flambart du Trégor ; mais qu’est-ce qui se cache derrière ce nom de flambart ?
Par ce petit article, je souhaite montrer la grande diversité, à l’époque de la voile, pour un type de bateau, le flambart, sur une zone géographique limitée, le Trégor.
Le gréement de flambart, se caractérise par deux mâts, deux ou trois voiles : un taillevent bômé, une misaine, un foc ou non. Ce type de bateau est apparu dans notre région au début du XIXème siècle. Je reviendrai sur la genèse de ce gréement dans un autre article.
A travers quelques exemples de flambarts illustrés par plusieurs documents nous allons découvrir une grande diversité de formes, de gréements et d’utilisations.
Les facteurs déterminant cette diversité sont : les différents métiers pratiqués (la récolte du goémon et du sable, la pêche, le pilotage, etc.), les ports et mouillages fréquentés, les zones maritimes de navigation (estuaire, baie ou mer ouverte), les chantiers de construction, influences externes.
Flambarts de Locquémeau
Les flambarts armés à Locquémeau d’une époque ancienne sont très proches des bateaux de la rivière de Lannion. Ils sont souvent construit dans les chantiers de Carantec ou localement à Locquémeau et sont caractéristiques d’une multi-activité maritime de ramassage du goémon et du sable en hiver et de pêche, en particulier à la sardine, en été.
Ce type de bateau va évoluer vers 1920 pour se dédier à la pêche à la sardine avec les annexes. Issu des flambarts précédents un type assez extrême va apparaitre. Ce type est bien illustré par le flambart le Marie et la réplique de flambart de Locquémeau navigant actuellement le Barr Awel, les formes de carène sont très proche de celles des cotres de Carantec, augmentation du tirant d’eau et de la forte différence de tirant d’eau, ligne tendues de l’avant, maitre couple reculé, bouchain doux. Augmentation de la surface du taillevent, bon marcheur même par petit temps. L’activité de la récolte du sable ne semble plus pratiquée par ce type de bateau.
Flambart de Lannion
Flambart sablier
Ce plan, dressé en 1966 extrait des « souvenirs de marine conservés » de l’amiral Pâris représente un bateau de taille importante soit une longueur de coque de 8,80 m, la coque est longue et pas large, base sur l’eau au tirant d’eau réduit. Le nombre de banc et de toletière montre sa propulsion à l’aviron, sa voilure est très modéré avec un taillevent de surface plus petite que la misaine. De nombreux détails sont intéressants sur ce plan en particulier le curieux tillac avant formant un petit poste entre deux cloisons, accessible par un petit panneau sur le dessus. Ce bateau est faiblement lesté par un lest de grosses pierres.
Flambart dédié à la pêche au chalut
Ce bateau aux formes plus fine que les sabliers a un gréement plus important, les mâts sont plus hauts, le bout dehors est long. Ce gréement s’explique par la pratique de la pêche au chalut, nécessitant de la puissance de traction. Sur cette photo, on distingue de nombreux détails du chalut à perche, de type ancien, hissé entre les deux mats telles les pierres percées servant de patin. Deux ancres à jas pendent en dehors du bateau, leur utilisation me demeure inconnue.
Flambart de Trégastel
Ces deux flambarts peints de couleurs claires, sont plus marins que les flambarts de Lannion. Leur franc bord est plus important, jolie tonture, ces deux bateaux semblent dédiés à une navigation à la voile, leur voilure plus généreuse est bien équilibrée.
Flambart de Ploumanac’h
A Ploumanac’h, les flambarts de taille plus petite aux alentours de 6 mètres, naviguent à la voile et à l’aviron. Le taillevent est plus petit que la misaine, les mâts sont souvent affalés au mouillage ou en pêche.
En 1892 Vattier D’Ambroise en donne la description suivante dans son livre « Le littoral de la France, côtes Bretonnes » :
Ils comportent deux voiles, sont peu allongés et possèdent quatre avirons terminés en pointe, qui procurent une marche rapide. Excellentes embarcations, elles pêchent le homard aux Sept-Iles et au plateau des Triagoz.
Sur cette photo, un flambart rentre au port sous voile, le matelot commence à affaler le taillevent, un autre flambart sort du port de Ploumanac’h à l’aviron, l’équipage est de trois hommes, deux aux avirons et le patron à la barre.
Flambart de la rade à Perros
Les flambarts de la rade sont plus grands parmi les flambarts du Trégor avec une longueur 7 à 8 mètres voir plus et sont généralement armés à la "pêche" au goémon aux Sept Iles. Leur moyen de propulsion est la voile, les mâts sont fixes et soutenus par une paire de haubans. L’inclinaison du bout dehors peut être modifiée. Le bout dehors passe dans une ferrure à l’étrave et est amarré sur le mât de misaine. Ar Jentilez est à l’image des plus grands flambarts de la rade.
Flambart ou lougre de Loguivy
Nous nous éloignons un peu du Trégor, dans l’est. A Loguivy, à la fin du XIXéme siècle, il y a de solides petits flambarts armés au casier et au goémon. Ces bateaux trapus, larges, au tirant d’eau important bien voilés, bien lestés aux qualités autiques reconnues ont contribué à l’expansion homardière de Loguivy par leurs voyages au Conquet et à l’île de Sein.
Article repris de l’ancien blog, écrit par Pierre-Yves